Conférence de Margaret Buckingham le 16 février

À l’occasion de la Journée internationale des femmes et filles de sciences célébrée le 11 Février l’UMR PRC a invité Margaret Buckingham à donner une conférence sur son parcours de femme scientifique.

Directrice de recherche émérite au CNRS et professeure honoraire à l’Institut Pasteur de Paris, Margaret Buckingham est biologiste du développement ; elle  et s’est intéressée au cours de sa carrière à la formation du muscle et du cœur.

Margaret Buckingham est une personnalité scientifique de tout premier plan qui s’est illustrée par ses découvertes majeures en biologie du développement. La médaille d’or du CNRS a consacré en 2013 ses travaux pionniers sur les réseaux de gènes exprimés au cours de la myogenèse embryonnaire. On lui doit également la découverte fondamentale du second champ cardiaque chez l’embryon. L’essentiel de la carrière de Margaret Buckingham s’est déroulé à l’Institut Pasteur de Paris. Récompensée par de nombreuses distinctions, elle est notamment membre de l’Académie des Sciences en France ainsi qu’aux États-Unis, membre du conseil scientifique de l’ERC, membre étranger honoraire de la Royal Society of Edinburgh, de l’EMBO et de l’Academia Europaea. 

Née en mars 1945, Margaret Buckingham est d’origine britannique et a grandi à Oxford, puis à Aberdeen en Ecosse. Ses parents, ayant tous deux été à l’Université, l’ont très vite encouragée à faire des études supérieures et à s’engager dans la voie de la recherche. Elle a suivi une licence de biochimie à l’Université d’Oxford de 1964 à 1968, au cours de laquelle elle a pu approfondir ses connaissances scientifiques sur le métabolisme, les immunoglobulines ou encore faire un stage en cristallographie (étude des cristaux à l’échelle atomique). Sa thèse a porté sur la modification des histones (principaux constituants protéiques des chromosomes, ils jouent un rôle majeur dans la régulation des fonctions du génome) et l’expression des gènes, son sujet de prédilection. Elle a ensuite effectué son post-doctorat fin 1971 à l’Institut Pasteur sur l’ARN messager et la différentiation des cellules musculaires, grâce à une bourse de la Royal Society.

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En 1975, elle est recrutée au CNRS. À l’époque, les recherches sur la biologie moléculaire se multiplient mais peu de laboratoires français se consacrent à ces études. Dans son laboratoire, la compétition entre chercheurs est forte : il lui faut donc se concentrer sur son projet scientifique avec détermination. Elle a l’occasion de présenter ses travaux à différents colloques en 1975, notamment au congrès de la Fédération européenne des sociétés de biochimie à Paris, où il lui faut surmonter le manque de confiance, dont les femmes souffrent plus souvent que les hommes.

Mère de trois enfants, elle estime avoir eu de la chance de vivre en France à l’époque en tant que femme poursuivant une carrière scientifique tout en ayant des enfants. Aux États-Unis, en Allemagne ou en Angleterre, Margaret se souvient que cela n’était pas aussi bien accepté. Un an après la naissance de son deuxième enfant, elle est promue cheffe d’unité à l’Institut Pasteur, une nouvelle responsabilité qui lui permet de renforcer son sentiment de légitimité dans le milieu scientifique. Elle poursuit son parcours au sein de l’Institut Pasteur, avant d’être nommée cheffe du département de biologie moléculaire.

 Elle étudie notamment la hiérarchie génétique, qui régule la formation et la régénération du muscle squelettique à l’aide des outils de la génétique moléculaire et en travaillant sur le modèle souris. Margaret Buckingham a beaucoup travaillé sur les cellules qui forment le cœur au cours de la cardiogenèse (développement prénatal du cœur) et ses recherches ont contribué à la découverte du deuxième champ cardiaque. Cette découverte a eu un impact majeur sur la compréhension du développement du cœur, et elle a également contribué de manière significative à la compréhension biomédicale des malformations cardiaques congénitales.

Elle reçoit la prestigieuse médaille d’or du CNRS en 2013. Elle se voit aussi attribuer la Légion d’honneur en tant que Grand officier, et fait partie de l’Ordre du Mérite en tant que commandeur. Elle a également l’occasion, au cours de sa carrière, de devenir membre de plusieurs académies de renom, dont l’Académie des sciences (2005), la National Academy of Sciences aux États-Unis (2011), et la Royal Society de Londres (2012). Ayant également siégé à différents conseils scientifiques, comme celui du CNRS et de l’Inserm, Margaret Buckingham souligne que le problème majeur de l’organisation scientifique reste la sous-représentation notable de femmes occupant des fonctions de direction.

Bon à savoir: Aujourd’hui, en qualité de professeure honoraire à l’Institut Pasteur et directrice de recherche émérite au CNRS, Margaret Buckingham préside également le Comité scientifique des Conférences Jacques Monod. Ce comité, porté par le CNRS Biologie, le CNRS Écologie et Environnement ainsi que par l’Inserm, organise une série de quatre à six conférences par an consacrée à des thématiques innovantes en sciences du vivant, en particulier à l’interface de plusieurs disciplines, qu’il s’agisse de biologie fondamentale ou d’applications en biotechnologie, santé, agronomie, etc... Ce cycle de conférences pourrait représenter une opportunité intéressante pour la diffusion et la mise en lumière de thématiques de recherche étudiées à INRAE.

e-confluence n°15, avril 2024

Date de modification : 12 avril 2024 | Date de création : 12 avril 2024 | Rédaction : NG